Thaïlande : fouiller les poubelles, une affaire qui marche (VIDEO)
L’ingénieux système n’est pas né d’une soudaine conscience écologique mais bien de la nécessité de survivre. A Bangkok, capitale de la Thaïlande, Nom Prom-on et son mari Rai fouillent les poubelles pour y trouver des déchets à recycler, qu’ils échangeront ensuite contre de la nourriture. Une technique qui leur a permis d’améliorer véritablement leur quotidien.
Voilà des années que le couple, comme beaucoup d’autres Thaïlandais pauvres, cherche de quoi se nourrir dans les poubelles. Mais arrivés à la soixantaine, Nom et Rai sont très éprouvés par cette vie incertaine. Il y a quelques mois, ils ont opté pour une autre solution, plus rentable : si les aliments sont difficiles à dénicher, les bouteilles, canettes ou papiers sont eux beaucoup plus nombreux parmi les déchets. Après les avoir récoltés, le couple enfourche une moto équipée d’un chariot pour rejoindre une boutique d’un nouveau genre : chez Peerathorn Seniwong et sa femme Buarin, deux anciens fouilleurs de poubelles, on achète du riz, de la sauce de poisson, des nouilles, du détergent ou encore du savon avec des objets recyclables.
Un système en plein développement
L’idée astucieuse des propriétaires est de revendre le fruit de cette collecte en gros à des usines de recyclage pour pouvoir alimenter leurs rayons en produits consommables. «Nous avons réfléchi à comment aider les pauvres, et nous avons pensé aux déchets. Toutes les maisons ont des déchets», se réjouit Peerathorn. Mieux, la boutique est devenue une coopérative où les profits sont redistribués à ses membres, sous forme d’assurance vie ou en les aidant à payer les factures médicales. Désormais, quelque 800 personnes participent au système : 35 familles de fouilleurs d’ordures, rejoints par des habitants de ce quartier de l’est de Bangkok qui en ont entendu parler.
Une revanche sur la vie pour Peerathorn et Buarin, qui se souviennent avoir vécu six années sous un pont d’autoroute. «Parfois, nous devions acheter à crédit des choses comme la sauce de poisson ou le riz [...] Mais les gens nous regardaient de haut parce que nous sommes pauvres et ils se demandaient s’ils récupèreraient leur argent. Donc on a ouvert notre propre magasin», se félicite la mère de famille. Aujourd’hui, 20 à 30 personnes y viennent tous les jours. Au total, plusieurs centaines de milliers de Thaïlandais vivent désormais des poubelles, gagnant 200 à 300 bahts par jour, soit 4,90 à 7,35 euros selon l’Institut d’emballage et de recyclage pour un environnement durable. Une organisation qui forme d’ailleurs les membres de la coopérative en matière d’hygiène et de tri. Car la coopérative en a inspiré d’autres. L’Institut espère la création de quelque 80 magasins sans argent dans le pays d’ici fin 2013.
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